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Jeunesse

11 juin 2025

J’ai mal aux tripes. Comme après Samuel Paty. Comme après Dominique Bernard. Comme après Agnès Lasalle. Comme après Lorène. Ces morts, ce sont les miens.

Des collègues. Des élèves. J’ai une colère. Rentrée la colère mais vieille…

 

Quand j’étais minaude, je me souviens qu’on avait le droit à la TV uniquement le mercredi et un peu le soir… Le club Dorothée, Dallas…Incontournables évidemment…

L’irruption de la violence était débattue… Les chevaliers du Zodiaque, Dragon Ball Z, n’est-ce pas trop violent ? Et Bioman ? Les dessins animés japonais sont-ils bons pour les enfants ?

La seule image d’actualité violente, vue au vingt heures et qui m’a marquée, c’était la mare de sang des Ceausescu et leurs cadavres furtivement montrés… J’avais dix ans.

Le soir, si on ne dormait pas, c’était souvent parce qu’on lisait un peu trop longtemps avec une lampe torche, ou parce qu’on avait voulu regarder la fin du film… 22h15 à tout casser…

 

De mes seize années passées en établissement scolaire, j’ai vu une autre réalité : des enfants parfois incapables d’écrire un seul mot en rédaction ; d’autres si dépendants de leurs jeux vidéos et de leurs univers complexes, que les noms des personnages en rédaction étaient ceux des jeux et l’incohérence de l’écriture à l’imitation des plateformes éclatées et foisonnantes des jeux… Le contenu aussi violent parfois…

 

Qui s’interroge sur le cocon dans lequel grandit la jeunesse de 2025 ? Manque de sommeil, absence de cadre éducatif parfois, fragilité parentale, contexte médiatique et de loisirs qui autorise toutes les formes de violence, en continu…

 

Alors pour une fois. Oui. Disons-le. Pour ça, c’était mieux avant. Quand on ne voyait pas des enfants tuer en établissement scolaire… Ça n’autorise pas les infâmes récupérations politiques de ceux qui laissent à croire que ce serait évidemment beaucoup mieux avec eux.

Mais ça oblige à un travail de fond. Pourquoi ne contrôle pas mieux la violence, son irruption aujourd’hui ? On ne pourra pas empêcher le couteau, accessible même en cuisine… mais quid du geste ? Celui de vouloir blesser, tuer…

 

Si les Antiques représentaient la mort hors scène, il y a bien une raison… Ce n’est pas parce qu’elle fait de l’audimat, de l’audience que la violence doit avoir une place très certainement surreprésentée…

Et si on commençait par réduire les meurtres à l’écran, les armes dans les supports qui peuvent tomber dans les mains d’enfants…

 

Je pense ce soir en larmes, à la surveillante de Haute-Marne, à son petit garçon… Sans doute a-t-elle espéré comme moi que ça n’arriverait plus en se disant qu’il fallait agir vite. Très vite…